Apprendre à contourner les biais de réponses en entretien
ℹ️Informations
- ⏱️ 5 min
- 📐Aucun
🎯Objectifs
- Minimiser les biais dans les réponses des personnes interviewées
- Obtenir une réponse directe et authentique sur le mode de vie et les besoins de la personne
⏪Prérequis
- Aucun
❓Quand l’utiliser ?
- Lors d’un entretien semi dirigé, pendant la recherche ethnographique
🔄Déroulé
Afin d’accéder au mode de vie et aux besoins authentiques d’une personne que l’on interview, il est important de situer ses questions dans l’espace et dans le temps. Par exemple, au lieu de commencer votre question par :
- “Globalement, dans la vie….?”
- “D’habitude….?”
Commencez plutôt par :
- “Qu’as tu mangés hier…?”
- “Racontez-moi la dernière fois que…”
- “Pouvez-vous me raconter une histoire concrète de ce que vous dites …?”
🔎Exemple
Au cours d'un précédent accompagnement, nous avons travaillé sur le thème de l'alimentation de la génération des milléniaux (personnes entre 20 et 30 ans). Durant cette période, nous avons formé des étudiants en design à la méthode. Nous leur avons demandé de poser des questions très ouvertes aux personnes qu'ils allaient interviewer, telles que "comment mangez-vous habituellement ?". Les réponses initiales étaient plutôt générales, comme :
- "J'adore les tomates, je mange très sain."
- "Je mange beaucoup de quinoa, de coriandre, etc."
Ensuite, nous avons demandé aux étudiants de poser des questions orientées vers des histoires réelles, telles que : "Qu'as-tu mangé hier soir ?". À ce moment-là, les réponses ont pris une tout autre tournure :
- "Oh, il y avait un match de foot, j'ai mangé un hot-dog."
- "Et avant-hier soir ?"
- "Oh, j'étais à un afterwork et on a commandé des burgers."
- "D'accord, dans ce cas, le jour d'avant."
- "RAHHH, ma copine n'était pas à la maison, donc j'ai commandé un burrito."
Cet exemple illustre clairement notre tendance à vouloir paraître bien et intelligent. En fonction de la personne en face, nous adaptons notre discours pour "être en accord" avec elle, assurant ainsi notre intégration sociale. La personne qui interviewait semblait être associée à du "quinoa", et les réponses obtenues étaient donc du quinoa. La personne répondante suppose, en me voyant, que la réponse attendue est liée à du quinoa, ou plus largement à une alimentation saine. Cela crée un biais significatif dans les réponses.
Il est donc essentiel de transcender ces règles sociales invisibles qui nous incitent à être de "bons élèves" aux yeux de la personne en face. L'exercice "Raconte-moi une histoire" s'avère très efficace pour atteindre cet objectif.